Le bonheur professionnel des 20-35 ans
Si l’on parle de plus en plus de Burn-out, de Bore-out et de mal-être dans les entreprises, il est intéressant de se demander quelle place occupe le bonheur en entreprise.
Une génération en particuliers, les Millenials ou génération Y. Elle a grandi avec Internet et les nouvelles technologies, elle a vu l´évolution des réseaux sociaux, et elle défend la valeur de « bien-être dans la sphère professionnelle ». Avec souvent de nombreuses années d’études en poche, cette génération pose les bases d’une nouvelle collaboration avec les entreprises et invite à la réflexion sur un meilleur équilibre vie professionnelle et vie privée, souhaite s’épanouir professionnellement tout en voyageant.
Pour les 20-35 ans, il est non seulement important de ne pas être au chômage, il est surtout important que le travail fasse sens, impliquant un nouveau mode de management pour les séduire, comme nous l’explique Manon Aunay, fondatrice de la plateforme Jeune Génération Y.
Rédaction : Pouvez-vous nous expliquer ce en quoi consiste le coaching des jeunes générations ?
Manon Aunay : Bien sûr ! Le coaching des jeunes générations est un accompagnement individuel et personnalisé qui permet d’apprendre à réellement se comprendre, trouver sa voie professionnelle et dépasser ses blocages (comme la gestion du stress ou encore la confiance en soi).
L’un des objectifs premiers du coaching des jeunes générations, c’est d’apprendre à se connaître : en effet, beaucoup de 18-35 ans arrivent sur le marché du travail sans réellement savoir ce pour quoi ils ont du talent, ce qu’ils aiment faire.
Ce que j’observe régulièrement en séance, c’est que les jeunes ont des conceptions du travail bien arrêtées et se sentent bien souvent « coincés » dans la voie professionnelle qu’ils ont empruntée. En coaching, le rêve devient possible, on essaye simplement d’identifier des actions concrètes pour y parvenir. On travaille beaucoup sur le fait d’ouvrir ses perspectives, son champ des possibles en séance. En effet, nous avons tous bien plus d’options qu’il n’y paraît !
Quelles valeurs sont devenues déterminantes pour construire son projet professionnel ?
Pour construire son projet professionnel, et c’est le premier pas, il faut identifier clairement ses qualités, ses valeurs, ses motivations, ses compétences, en faire un état factuel, à l’oral et à l’écrit. Grâce aux discussions et petits exercices créatifs de coaching, s’exprimer sur soi devient facile, clair et intuitif ; des points de blocages se soulèvent et se contournent, et un projet professionnel se dessine peu à peu. Pour les jeunes générations, je propose un accompagnement ludique et créatif, notamment grâce au design thinking, qui permet de « travailler » sans s’en rendre compte et de réfléchir différemment tout en s’amusant.
Le but du coaching, c’est que la personne trouve ses solutions en elle ; à aucun moment je ne « conseille » directement la personne que je coache, c’est ce qui distingue le coaching de tous les autres types d’accompagnement et le rend, à mes yeux, si performant. On a tous beaucoup plus envie de mettre en place quelque chose que l’on décide par nous-même plutôt que quelque chose qui nous est dicté.
Pourquoi y a-t-il une nécessité pour les jeunes générations ou la génération Y de se réorienter ? Est-ce que le monde du travail n’est plus en accord avec les espérances des 18-35 ans ?
Le coaching des jeunes générations s’avère être une nécessité dans un contexte où aujourd’hui, 1/4 des moins de 25 ans sur le marché du travail sont au chômage. En France, 70% des jeunes ne sont pas satisfaits de leur orientation professionnelle et cela s’explique par plusieurs canaux.
Le premier, c’est l’éducation généralisée qu’ils ont reçu et qui n’a pas pris en compte leurs individualités, leurs motivations et surtout leurs aspirations. L’éducation les a engouffrés dans les mêmes voies, menant aux mêmes métiers, qui sont aujourd’hui soit obsolètes soit ultra saturés. Les jeunes sont donc perdus car pour ceux qui ont des diplômes, ceux-ci ont une reconnaissance bien moindre qu’auparavant, et pour ceux qui n’en n’ont pas, trouver un travail est un parcours du combattant alors en trouver un qui correspond à leurs aspirations, encore plus.
La deuxième explication est l’évolution naturelle de la société technologique d’aujourd’hui. La technologie digitale a révolutionné le monde, mais pas ses emplois. Les jeunes qui maitrisent si bien les nouvelles technologies et ont une appétence pour l’apprentissage se voient bien souvent sur-expérimentés pour les postes auxquels ils peuvent prétendre. Apparaît donc le bore-out (ennui au travail) et non plus le burnout chez la jeune génération.
Enfin, les nouvelles générations ont de nouvelles aspirations, notamment le besoin de se rendre utile au travail, le besoin de liberté (d’où de nouvelles formes de travail qui se créent chaque jour : freelance, slasheur, digital nomad etc…). Ils valorisent davantage l’équilibre (famille/couple/travail/perso, voir même entre les choix de bienfaits et de prévention alimentaire) plutôt que la carrière à tout prix. Ils évoluent également dans un monde où ils ne travailleront probablement pas toute leur vie dans la même entreprise et ne feront d’ailleurs pas le même métier et sont donc en changement permanent, ce qui n’est pas simple à appréhender.
Qu’est-ce que le bonheur au travail selon vous ?
Le bonheur au travail selon moi ? Je répondrais déjà personnellement, car je pense que beaucoup auront la même vision que moi du bonheur au travail. Un ordinateur, la plage et me lever à 10H tous les jours. Ça parait fou mais ça ne l’est pas tant. Ces nouveaux styles de vie sont en pleine croissance chez les jeunes en quête de liberté et leurs méthodes de travail évoluent tout autant. En effet, qui nous dit que l’on est plus productif attablé à un bureau vide et sombre plutôt qu’au soleil en terrasse ? Ou qu’il faut être à 8h30 pétante au travail pour pouvoir être performant ?
Pour moi, le bonheur au travail dépend des aspirations et valeurs de chacun mais aussi de leur mode de vie. Je sais que je suis beaucoup plus performante l’après-midi et le soir. Par contre, me lever avant 8h du matin est un cauchemar pour moi. Je sais que l’autonomie et la créativité sont indispensables à mon bonheur et c’est pour cela que j’ai choisi d’être freelance. Et voilà pourquoi je crois qu’il est indispensable pour chaque jeune de se découvrir et de comprendre ce qu’est le bonheur pour eux : car pour certains, passer ses journées seuls devant son ordi serait un calvaire alors que pour d’autres ce serait le rêve ultime, certaines personnes adorent le salariat et d’autres le fuient.
Et qu’est-ce qui revient le plus souvent de ceux qui font appel à vous ? Est-ce que le temps de travail est trop long, cherchent-ils plus de flexibilité, plus d’écoute, plus de défis ou simplement de vivre leurs rêves ?
La plupart des jeunes qui viennent me voir sont perdus : ils savent ce qu’ils ne veulent pas ou plus faire mais n’ont aucune idée de ce qu’ils veulent faire ou de quelles sont leurs qualités ou compétences. Vivre leurs rêves ? La plupart n’y pensent même pas, n’imaginent même pas que cela est possible ou qu’ils pourraient vivre autrement, faire les choses autrement, avoir un autre métier ou tout simplement travailler dans un secteur différent. En revanche ils savent qu’ils ont du potentiel, ils savent qu’ils pourraient être plus heureux et plus utiles et ont la motivation. Voilà pourquoi nous travaillons énormément sur la compréhension de soi, l’ouverture du champ de toutes les possibilités qui s’offrent au jeune et aussi la mise en action.
Quel serait le monde du travail idéal dans une vision future ?
Un monde où chacun est à l’endroit qui lui convient tant sur le plan des qualités et compétences mises en application que sur le lieu physique ou le mode de travail. Actuellement, tellement de personnes ne sont pas à leurs places et le savent mais ont trop peur de changer ou tout simplement, ne savent pas comment changer. Si chacun d’entre nous faisait un bilan factuel de ses talents et aspirations et que chacun d’entre nous travaillait dans le secteur qui le passionne, alors à mon sens, le chômage n’existerait pas, le stress non plus, et notre taux de bonheur grimperait bien haut. Mais pour cela, apprendre à se connaître est indispensable et ce n’est pas évident de le faire seul, sans l’effet miroir d’un coach, par exemple.
As-tu trois astuces à nous donner pour mieux vivre ses journées au travail ou pour être heureux au travail ?
Merci à Manon AUNAY / Coach certifiée en Développement Personnel et Professionnel !