Le présentéisme, phénomène mal connu mais néfaste
"Le travail c’est la santé, ne rien faire c’est la conserver", voilà un slogan bienconnu de Henri Salvador. Car après l’absentéisme au boulot, c’est le présentéisme qui devient un défaut.
Qu’est que le présentéisme ?
Le présentéisme signifie être présent au travail alors que l’état mental et physique d’un salarié ne sont pas optimaux. Le présentéisme a en ce sens une connotation négative. Et il peut entrainer des coûts pour l’entreprise estimés à 14 milliards d’euros par an.
- Le présentéisme peut se décliner en plusieurs sortes :
Le présentéisme touche de nombreux salariés et notamment en France où les heures supplémentaires s’additionnent sans être rémunérées pour 50% des salariés selon une étude de 2006.
Tout est peut-être une affaire de culture, même de culture personnelle, de vision du travail et de tabous français. En Europe du Nord par exemple travailler au-delà des heures de travail est un signe de mauvaise organisation et donc d’une mauvaise productivité. Alors qu’en France il est bien vu de rester plus longtemps.
Si nos voisins ont tendance à croire que nous sommes privilégiés avec nos 35h/semaine et nos nombreuses vacances, il faut se rendre à l’évidence, ce modèle ne touche que très peu de français. Penchons-nous sur le présentéisme qui coûte très cher aux entreprises, et qui peut parfois mener au licenciement.
Les coûts du présentéisme
Pourquoi le présentéisme représente un coût pour les entreprises ? Simplement parce que le salarié n’optimise pas son rendement, pire, il peut faire des erreurs que ses collègues ou que lui-même aura à recorriger, ce qui double le temps d’une tâche. Cela peut même aboutir sur de l’absentéisme. Et si les coûts de l’absentéisme sont en partie remboursés par la sécurité sociale, l’entreprise supporte à elle-seule les coûts du présentéisme.
C’est le cas d’un collègue malade qui va venir travailler. Il va se fatiguer plus vite, ne pourra pas récupérer et tombera souvent malade sur du plus long terme. Ce qui n’aurait été qu’un arrêt maladie de deux jours va être au final un arrêt maladie d’une semaine. À trop tirer sur la corde, l’organisme va lâcher.
Et cela ne se limite pas à un seul salarié. En étant moins productif il va tirer la productivité de ses collègues vers le bas, notamment en open space où les virus, microbes et mauvaise humeur se rependent plus vite.
Bien sûr tout le monde évoque la maladie, venir malade au bureau peut contaminer les autres salariés. Mais pensons aussi à la démotivation, un salarié démotivé qui ne trouve pas d’équilibre dans sa vie professionnelle ou dans sa vie personnelle, ne va pas rendre un travail de qualité.
De plus il ne faut pas sous-estimer la contamination psychologique. Cela est basé sur le conformisme social qui nous pousse à adopter la norme de productivité. Un collègue de mauvaise humeur aura tendance à rendre l’atmosphère plus électrique. Les relations humaines vont en souffrir, ce qui risque de dégrader l’ambiance au boulot et de démotiver les salariés. La productivité générale baisse.
Présentéisme : le rôle du management
Pour pousser au présentéisme, certaines entreprises prônent un bon management dans le sens où la hiérarchie récompense les efforts des salariés, rémunèrent les heures supplémentaires, pousse les salariés à se dépasser. Mais oui c’est là aussi un problème.
Le management joue un rôle crucial dans la part de motivation d’un salarié, mais le salarié peut souffrir de concurrence accrue, de stress, de pression. L’organisme affaibli va soit tomber malade, soit moins bien dormir ou faire un burnout.
Présentéisme : quelle solution ?
Un bon manager va effectivement être à l’écoute des employés, va leur permettre de réaliser des projets et va les encourager dans leurs projets, en les félicitant du résultat. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes humains et que nous ne pouvons pas toujours rester concentrés surtout en 7h ou 8h de travail, cinq jours par semaine.
Certaines entreprises mettent en place des espaces de détente, des postes de travail debout, des cours entre midi et deux. Le fait de changer d’activité ou de position dans la journée peut être essentiel pour ne pas se languir au travail, ce sentiment de répétition.
Construire une équipe et la rendre solide est également le terreau fertile de productivité. Il faudrait surtout changer les mentalités du « Faire ses heures ». Celui qui a fini de travailler devrait pouvoir rentrer chez lui. Il n’hésitera pas non plus à rester plus tard s’il est nécessaire de le faire, pour finir un projet. Faire confiance au salarié pour organiser son travail va le rendre responsable de ses tâches et de ses résultats.
Avoir une bonne hygiène de vie commence par être en bonne santé. Rien que boire de l’eau et bien s’hydrater peut permettre d’être plus efficace et de mieux se concentrer.
Lorsque le présentéisme est mieux vu que la productivité
Le présentéisme est un calcul simple basé sur le temps de présence en entreprise et non sur le travail réalisé. Il est un signe extérieur d’engagement ou l’illusion d’être motivé. Le présentéisme peut être avoir la grippe ou rester au travail alors qu’on n’a plus rien à faire. Il n’a pas grand-chose à voir avec la productivité.
La productivité est un ratio quantité produite / quantité de travail utilisée. Si un salarié reste 8h au bureau en ayant réalisé une tâche, il sera moins productif que le salarié ayant réalisé cette même tâche en 2h.
La productivité calcule les efforts d’une personne et sa rapidité à effectuer une tâche. Bien qu’intimement liée, elle n’est pas à confondre avec la compétitivité (gains de part de marché), et la rentabilité (profit).
N’oublions pas que Google autorise ses salariés à utiliser 25% de leur temps pour réaliser des projets personnels. Et c’est peut-être ce que l’employé souhaite, pouvoir se réaliser personnellement pendant sa journée, diversifier ses tâches.
Permettre au salarié de retrouver son bien-être, de respecter ses jours de maladie, de partir plus tôt si son travail est fait, de lui laisser des plages horaires pour se détendre ou se réaliser, voilà sans doute le futur du marché du travail.